Attaquer l’Iran ? Avec ou sans le soutien américain c’est une option irresponsable

16 avril 2024 Jacques Guillemain

Nous connaissons tous les qualités de Tsahal et du Mossad, ainsi que les succès remportés par Israël face à ses ennemis depuis 1947. Nul ne conteste ces victoires éclatantes et ces multiples opérations spéciales menées avec brio. Rien de bien nouveau, en fait, toutes les armées du monde, depuis la nuit des temps, se laissent griser par les victoires qui se succèdent et rendent fier.

Mais j’entends souvent dire que les officiers israéliens sont arrogants et orgueilleux. Certains militaires français, qui ont travaillé avec eux dans le cadre de la Finul, en sont revenus assez dépités, ayant perdu au contact des officiers de Tsahal toute l’estime qu’ils avaient pour ces derniers. Il est pour le moins regrettable de perdre l’estime des autres à cause de sa propre arrogance…

J’ai toujours soutenu Israël et il est clair que j’espère sa victoire rapide à Gaza, afin de libérer les otages et pour ne plus jamais revoir des scènes d’épouvante comme le 7 octobre dans le kibboutz frontaliers, où les pires atrocités ont été commises contre des civils innocents, dont des femmes et des enfants, par les barbares du Hamas.

Mais je me méfie des va-t-en-guerre qui se croient invincibles et sous-estiment l’ennemi.

Quel plus bel exemple que la guerre en Ukraine, où quelques fous furieux essentiellement anglo-saxons, et suivis par les moutons européens, ont cru naïvement ne faire qu’une bouchée de l’Ours russe, sans même percevoir que cette armée n’avait plus rien à voir avec l’ère soviétique ? Deux ans plus tard, nous vivons la plus belle débâcle de l’Otan, après la débandade de Kaboul.

C’est ainsi que je lis que l’attaque iranienne a été déjouée et que 99% des missiles et drones ont été abattus, ce qui serait la preuve que Téhéran n’a pas les moyens de frapper le cœur d’Israël. Tout d’abord, je ne suis pas certain que ce pourcentage soit bien réel, mais ce que Netanyahou doit garder en tête, c’est que ce succès n’a été possible que par le soutien de ses alliés.

Primo, Israël a bénéficié d’un long préavis avant l’attaque iranienne

Secundo, la distance entre l’Iran et les cibles israéliennes étant supérieure à 1 000 kilomètres, les alliés occidentaux ont pu détruire de nombreux missiles au dessus de la Jordanie et de l’Irak, bien avant qu’ils n’atteignent le territoire israélien.

Il est donc clair que sans aucun soutien occidental et sous une attaque iranienne surprise de 500 missiles ou plus, afin de saturer les défenses israéliennes, les dégâts seraient terribles pour Tel Aviv.

De plus, si Israël a la capacité opérationnelle de mener un raid aérien ponctuel sur l’Iran avec ses F35, ciblant quelques objectifs militaires, il lui serait impossible de mener une attaque d’envergure sur les sites nucléaires iraniens, tous dispersés et profondément enterrés. Sans le soutien américain pour le renseignement, la couverture radar, la guerre électronique et le recueil des pilotes en détresse par hélicoptère, un tel raid est impensable.

Sans oublier que si Netanyahou se lance dans une guerre ouverte avec l’Iran, les supplétifs de Téhéran, à savoir le Hezbollah, les milices chiites irakiennes et les Houthis yéménites,  se déchaîneront contre Israël.

Enfin, il est évident que toute attaque massive contre l’Iran se traduirait aussitôt par le blocage du détroit d’Ormuz par Téhéran, portant le prix du baril à des prix astronomiques. L’Europe en pleine déconfiture économique faute de ressources énergétiques, serait encore plus en faillite.

Rien d’étonnant par conséquent à ce que Biden prévienne Netanyahou qu’il s’oppose à une attaque directe sur l’Iran. Déjà empêtré en Ukraine, avec un nouveau désastre militaire sur les bras, Biden n’a pas besoin d’un autre conflit à la veille des élections.

Après l’attaque d’Israël sur le consulat iranien à Damas, Téhéran juge que les représailles du 14 avril soldent le différend et que l’affaire est classée. Pourquoi en rajouter ?

Des représailles israéliennes aux représailles iraniennes seraient la pire des décisions à prendre. Qu’Israël règle d’abord le conflit de Gaza et libère ses otages, retenus depuis 6 mois par leurs geôliers, avant d’ouvrir un deuxième front contre l’avis de l’Occident. C’est le choix de la sagesse.

Mais comme Netanyahou vient de reporter l’attaque sur Rafah, on peut craindre le pire.

Jacques Guillemain

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer
search previous next tag category expand menu location phone mail time cart zoom edit close