Propagande : il faudrait se souvenir de la Shoa pour lutter contre le nationalisme…

Par hasard, je tombe sur YouTube sur ce court documentaire consacré à la vie extra-ordinaire de ce petit gars, Joseph Schleifstein, petit juif né en Pologne occupée, réchappé miraculeusement des camps de la mort, de même que ses parents.Très instructif, jusqu’à cette conclusion, qui pour le moins interroge.

(…) Aujourd’hui, face au négationnisme de l’holocauste, et à la montée du sentiment nationaliste à travers l’Europe, il est plus important que jamais de partager et de préserver les leçons de ce sombre chapitre de l’histoire, car ceux qui ne souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter. (…)

Attendez un peu… Quelque chose me chiffonne ; les habitants de l’Ukraine actuelle, qui se battent contre la puissance étrangère qui les agresse, sont-ils animés dans leur lutte par un vibrant sentiment anti-nationaliste ? S’ils sont contre l’idée de nation, qu’ils soient cohérents qu’ils déposent les armes sur le champ ! La nation israélienne, qui a le droit d’exister, survit-elle avec un vibrant sentiment anti-nationaliste ? Les Palestiniens, qui veulent leur État et leur nation, pourraient-ils obtenir satisfaction au moyen d’un sentiment anti-nationaliste ? Seraient-ils contre l’idée de nation palestinienne ? Qui plus est, la conclusion du petit film semble opérer un vulgaire rapprochement entre le négationnisme de l’holocauste et un sentiment nationaliste dont la montée actuelle mettrait en péril l’Europe. Du coup, in fine, ce reportage ne serait-il porteur l’air de rien d’un message subliminal en faveur de cette Europe au centre des débats actuels ? En conclusion, et à tout hasard, un souverainiste anti-européiste actuel ne serait-il pas un nationaliste, et à ce titre acteur en puissance du négationnisme de l’holocauste ? À destination de ceux qui ne se souviendraient pas du passé ; être contre cette Europe serait vouloir le retour des camps de la mort ? Répugnante récupération politique de l’histoire d’un petit juif de Pologne. C’est exactement comme Foutriquet qui se rend au mémorial des juifs dans l’entre-deux tours de sa première présidentielle ; petit procédé politique répugnant, répugnant à l’égard de l’histoire, et répugnant à l’égard de l’électorat. 

La probité m’oblige à avouer que, jusque-là, j’ai pourtant largement bénéficié des avantages que procurait « l’Europe ». Natif de l’un des pays fondateurs, les Pays-Bas, j’ai d’abord pu vivre en France avec un permis de séjour valable, je crois me souvenir, dix ans, au titre de citoyen de l’un des pays de la CEE, puis le permis de séjour fut supprimé sans que je puisse pour autant intégrer un corps d’État (fonctionnariat interdit ; donc, professionnellement je bénéficiais d’un statut de vacataire) puis, courant 1993 je crois me souvenir, je fus autorisé, suivant les accords entre la France et les Pays-Bas, à passer certains concours administratifs (effectivement, un collègue italien par exemple avait pu  passer des concours administratifs avant moi, les accords entre son pays de naissance et la France étant antérieurs à ceux me concernant) ce qui me permit de quitter mon statut de vacataire pour intégrer une administration française, sous la tutelle du ministère de la Culture, pour devenir ainsi fonctionnaire de l’État français, tout en étant néerlandais. Mais je crois savoir que, par exemple, les administrations dépendant du ministère de la Défense sont toujours verrouillées, y compris pour les citoyens membres d’un État fondateur. Toujours est-il que j’ai pu bénéficier de cette Europe en construction. Je tiens néanmoins à préciser ce paradoxe « européen » ; je ne dispose toujours pas du moindre droit de participer à des élections législatives ou présidentielles françaises en tant que néerlandais ; la France dispose sans doute à cet effet déjà de suffisamment de gens, dont ces Français de papiers détestant si cordialement et intensément ce pays. Je les laisse donc cracher dans leur soupe en leur souhaitant bon appétit.

C’est après la chute du Mur de Berlin (9 novembre 1989) que ma perception de l’Europe commença à déchanter. J’établis d’abord intuitivement un lien entre cette chute (en même temps que la chute dite du Communisme) suivie deux mois plus tard de la libération de… Mandela en Afrique du Sud (11 février 1990) ! Mais quel rapport avec la choucroute, me direz-vous ? Avouons que la proximité des dates est pour le moins troublante. Peut-être parce que, Mandela ayant toute sa vie milité dans un contexte d’opposition « communiste », à partir du moment où le communisme s’effondrait dans sa patrie natale (l’URSS), le célèbre prisonnier ne constituait plus vraiment un danger pour l’État sud africain, d’où sa libération ? Mon hypothèse était que la raison de la présence de Mandela en prison dans les geôles de l’Afrique du Sud n’était dès lors peut-être pas uniquement raciste, mais due également à cette guerre froide en cours sur le continent Africain entre l’URSS et l’Occident ?

À l’époque de la chute du Mur, j’étais farouchement pro-américain. Je me souviens de l’épisode des fusées Pershing, que les Américains tenaient coûte que coûte à installer à portée des frontières du pacte de Varsovie, et il y eut des manifestations monstres anti-américaines des gauches européennes contre ce déploiement dans le monde dit libre. Ah, le monde libre ; truffé pourtant de frontières, je me souviens parfaitement les avoir traversées durant les trente glorieuses : ce que j’en retiens, est donc que l’on se définissait comme habitant d’un monde libre pourtant constellé de frontières. Ce qui signifie peut-être que toute propagande autour d’une Europe actuelle sans frontières, c’est juste une forme pipeau, hormis peut-être pour les migrants ? Liberté d’aller et venir ? Ah bon ? Pourquoi dès lors se ferait-on embarquer dans le panier à salade sous la présidence Hollande, courant 2012-2013, sans avoir commis la moindre infraction, au prétexte de porter un t-shirt de la Manif Pour Tous ??!! (voir la magnifique démonstration de l’avocat Jérôme Triomphe devant un palais de justice parisien). Pourquoi nommer une Europe occidentale constellée de frontières monde libre ? Je ne prétends pas que nous n’étions pas plus libres qu’à l’Est, mais avec du recul, je me demande dans quelle mesure cette liberté, politiquement parlant, et comparée au “ferme ta gueule” en cours derrière le rideau de fer, ne voulait pas dire, au vu de l’évolution actuelle “cause toujours” ?

Le 12 décembre 1979, (source Perspective monde, internet) rassemblé en réunion spéciale à Bruxelles, le Conseil de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) annonce le déploiement en Europe de l’Ouest de 108 systèmes Pershing II ainsi que de 464 missiles de croisière. L’OTAN décide également de retirer 1000 ogives nucléaires de l’Europe et d’entreprendre de nouvelles initiatives dans le domaine du désarmement.

Dix ans plus tard, chute du mur de Berlin 9 novembre 1989. Cette date marque le début de la fin du communisme en Europe de l’Est et de l’ouverture du rideau de fer.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts ; dissolution du Pacte de Varsovie (1991) mais c’était sans compter… L’OTAN, plus agressif que jamais, malgré la dissolution du Pacte de Varsovie, avec, dans cette jupe américaine qui ne dit pas son nom (l’OTAN), une Europe couarde, politiquement vendue aux lobbys domiciliés à Bruxelles, une Europe dégénérée, dirigée par de petits scribouilleurs d’histoire (voire à ce sujet les sacs  de billets de banque en provenance du Qatar trouvés au domicile de la vice-présidente du Parlement européen, pour se convaincre de la réalité de cette dégénérescence) dont l’impératrice von der Leyen est un parfait exemple, qui pousse au cul pour intégrer le dernier pays frontalier de l’ex-Union soviétique dans l’escarcelle européenne (autrement dit l’OTAN). D’ailleurs, que foutait l’impératrice en question à l’Élysée lors de la visite hier du président chinois en France en ce début mai 2024 ? Était-elle juste là pour habituer la populace à la présence et l’existence de cette autorité supra-nationale qui s’auto-alimente, s’auto-réplique et se propage comme une intelligence artificielle néfaste, à l’image du film Terminator avec Arnold Schwarzenegger ? Foutriquet semble pour l’occasion adepte et promoteur de la métaphore de la grenouille. « Si l’on plonge une grenouille dans de l’eau chaude, elle est susceptible de s’en échapper d’un bond. Alors que si on la plonge dans l’eau froide et que l’on porte très progressivement l’eau à ébullition, la grenouille s’habitue à la température et peut finir ébouillantée avant qu’elle ne réalise le danger. » Trimbaler une von der Leyen dans ses valises qui à Ankara, qui à Paris, me semble clairement servir à cela.

C’est ainsi que, pour l’heure, les grenouilles européennes au bulbe passablement ramolli semblent batifoler dans une eau délicieusement tiède. L’Angleterre, qui partait pourtant avec un sacré handicap interne multiculturel, a prouvé que, peut-être, il n’était pas trop tard. Et puisqu’il me reste ce seul droit d’Européen en Europe, je ne manquerai pas de glisser mon bulletin dans l’urne des européennes.

L’Europe des six, l’Europe des onze

L’Europe des fiscs, l’Europe des bonzes

Les grandes puissances en jactances

Se disputent le bout, mais le gras est rance

Dick Annegarn, « Enfants de la guerre », 1978

Silvio Molenaar

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