La France a toujours été un pays de divisions, d’affrontments, de haine et de cruauté. C’est comme si les Français se plaisaient à se rassembler uniquement dans le but de s’entredéchirer. C’est comme si c’était leur seule raison de faire communauté. Ils ne connaissent pas la nuance, la tolérance, la nécessité d’écouter paisiblement l’autre, de “se frotter” à lui comme disait Montaigne pour aller les uns vers les autres dans le but de construire une société harmonieuse. Et aujourd’hui, on en est arrivé au point qu’on est au bord de la guerre civile. Il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’elle éclate !
Il y a quelques jours, en écoutant Monsieur Serges Klarsfeld sur la chaîne LCI, j’ai ressenti cette sensation de réminiscence décrite par l’écrivain -juif !- Marcel Proust qu’il appelait “La petite madeleine”. C’était il y a une bonne soixantaine d’années. Je devais être en 4ème au lycée à Saumur. Le professeur de français nous expliquait avec délectation ce qu’était un “honnête homme” : un homme qui brille en société par l’élégance de sa conversation, sa grande culture et ce sens inné de s’adapter aux gens auxquels il s’adresse, leur montrant le respect qu’il leur témoigne. Montaigne, encore lui ! disait : “On dit bien vrai qu’un honnête homme, c’est un homme mêlé”. Le professeur ajoutait que l’honnête homme savait rester simple et naturel en effaçant autant que faire se peut, son ego ; qu’il restait toujours modéré quand il traitait un sujet, repoussant tout excès et cherchant toujours le juste milieu ; qu’il n’a pas de colère et n’est jamais de mauvaise humeur.
Quand on repense à la longue et belle vie de Serges Klarsfeld, on se dit, sans détour, que dans cette France de haine prise d’une envie folle de frapper, on se dit que cet homme est une exception, un cas à part, une rassurante mais fragile lumière dans la froide pénombre que nous traversons bref, un honnête homme d’aujourd’hui dont on aurait tant besoin. Et pourtant, quand on sait ce qu’il a vécu tout petit garçon ayant brutalement perdu ses parents, quand on se souvient de son âpre combat contre les nazis et pour la mémoire de ceux qui ont disparu avec la Shoah, Serges Klarsfeld aurait dû en avoir de la haine, non seulement contre les Allemands mais peut-être également contre le genre humain ; il aurait pu être aigri, hargneux, acariâtre même.
Et bien non ! Il est tombé amoureux d’une belle et intelligente allemande qu’il a épousée et qui lui a offert deux enfants, dont le célèbre Arno. Tout ce qu’il a entrepris, il l’a fait avec calme et résignation sans jamais proférer d’insulte ni manifester de haine, ce poison donc pourtant si français. Il n’a même pas eu besoin d’appliquer la formule d’Albert Camus et qui pourrait au passage, combler la définition de l’honnête homme : “un homme, ça se retient !”. Lui, il n’a jamais eu besoin de se retenir tout simplement parce que la retenue, c’est sa nature !
Alors oui ! il est tout à fait fondé -parce qu’on est persuadé, à juste titre, qu’il a longuement mûri sa pensée- à dire calmement que lors des prochaines élections dans le cas d’un duel entre Nouveau Front Populaire et Rassemblement National : “Je n’aurais pas d’hésitation, je voterais pour le Rassemblement National. Je suis confronté à une extrème gauche sous l’emprise de la France Insoumise et avec des relents antisémites et un violent antisionisme et un Rassemblement National qui a fait sa mue. Le Rassemblement National soutient les Juifs, soutient l’Etat d’Israël et que, il est tout à fait normal, vue l’activité que j’ai eue ces soixantes dernières années, entre un parti antisémite et un parti pro-juif, je voterai pour un parti pro-juif”. évidemment, beaucoup, franchouillards dans l’esprit, lui sont tombés dessus … et des Juifs ! Seul petit bémol dans mon admiration pour Serges Klarsfeld, (et cela me fait bien de la peine !), c’est que sa préférence, précise t-il, ira à un candidat du centre. Il oublie que c’est ce centre, mou, parce qu’ayant toujours suivi, apeuré, la gauche, qui est avec cette dernière, la cause de la dégénérescence et donc de la déchéance de notre pauvre France.
Etre un honnête homme est plutôt chercher à en être un. Mon professeur de français -je m’en souviens parfaitement- disait que c’était un idéal. Monsieur Klarsfeld est proche de cet idéal. Et en pensant à lui, je me dis qu’il serait bienvenu de réhabiliter en urgence, cette notion d’honnête homme de façon à faire en sorte qu’elle soit un des piliers fondamentaux de ce que certains osent encore appeler “la démocratie”. En conclusion, il nous en faudrait des milliers de Serges Klarsfeld. Cela permettrait à coup sûr à la France de remonter la pente !
Je suis goy. Vive Israël !
Philippe ARNON
Le Blog de Thérèse 