L’attaque du Hamas contre Israël en octobre 2023 a marqué un changement d’époque — non seulement au Proche-Orient, mais aussi en Allemagne. Depuis, les islamistes radicaux mènent avec plus de détermination que jamais une guerre de propagande contre Israël, contre l’Occident, contre les « infidèles ».
Le samedi 27 avril, plus d’un millier d’islamistes se sont rassemblés dans la rue de Steindamm à Hambourg. Cette rue est appelée par beaucoup le « petit Istanbul » en raison des nombreux magasins et restaurants turcs. Lors de cette manifestation, les passants ont eu par moment l’impression de s’être égarés dans un rassemblement de talibans en plein Kaboul ou d’avoir été téléportés à une manifestation anti-occidentale à Téhéran ou ailleurs au Moyen-Orient, avec des femmes entièrement voilées et des barbus qui hurlent des slogans, les visages remplis de haine. On est loin du slogan de la chancelière Merkel en 2015 : « l’islam fait partie de l’Allemagne ». Dans cette rue et certainement à d’autres endroits, il semble que « l’Allemagne fait maintenant partie de l’islam ».
À Hambourg, « Muslim Interaktiv » (MI) est un groupe très actif avec plus de 20 000 suiveurs sur TikTok. Le leader du mouvement est un étudiant connu des services de police qui s’appelle Joe Adade Boateng. Lors de ses discours, il a l’habitude de dire en tendant l’index vers le haut : « l’avenir appartient à Allah, l’avenir appartient à l’islam et l’avenir appartient au Coran »… Tout un programme !
Boateng s’habille comme une pop star, il produit régulièrement des vidéos TikTok et se comporte comme un prédicateur décontracté. Sur son T-shirt figure le logo de son mouvement : la Kaaba à la Mecque, le haut lieu saint du monde islamique, au milieu d’une goutte de sang.
Les autorités allemandes de sécurité considèrent que « Muslim Interaktiv » est étroitement lié au Hizb ut-Tahrir, le « Parti de la Libération ». Créé en 1953 par Taqi al-Din al-Nabhani [1], ce mouvement est présent dans le monde entier. Ce parti qui se dit non violent appelle au meurtre des Juifs et demande l’union de tous les musulmans dans un califat mondial basé sur la charia. Ce mouvement est interdit dans de nombreux pays arabes et depuis 2003 en Allemagne… mais il est toujours actif. Sur son site en français, le groupe Hizb ut-Tahrir, indique ouvertement que : « l’objectif est de relever la Nation islamique (l’Oumma) de l’extrême déclin dans lequel elle se retrouve, et de la libérer des idées, systèmes et lois de mécréance (Koufr). Le Hizb a aussi pour objectif de libérer l’Oumma de la domination des États mécréants et de leurs suppôts. Enfin, il vise à ramener à la vie l’État du Califat islamique afin de garantir le retour de la gouvernance selon ce qu’Allah a révélé. (…) Le Hizb aspire à guider l’humanité entière, et à guider la Oumma dans la confrontation avec la mécréance (le Koufr), ses systèmes et ses idées, jusqu’à ce que l’islam se généralise dans le monde. » [2]
Lors de cette manifestation organisée « contre la censure et la dictature d’opinion », de nombreux participants brandissaient des journaux recouverts de peinture rouge et pour certain de mains rouges… la Russie serait-elle à l’origine de cette manifestation ? La protestation est dirigée contre différents médias, dont BILD et le Morgen Post de Hambourg. Les manifestants ont également scandé à plusieurs reprises « Allahu akbar » (Dieu est le plus grand) et brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Le califat est la solution ; Stop à la haine médiatique ; Les musulmans ne se tairont pas ; La raison d’État tue ; Sourd, muet & aveugle » ou encore « Non à la dictature des valeurs ; Gaza a gagné la guerre de l’information »… En brandissant des bannières représentant la chahada, la profession de foi islamique, ils ont également pointé l’index vers le ciel, geste qui est considéré dans l’islam comme le symbole de l’unité de Dieu. Mais le doigt levé est également l’un des symboles d’allégeance à l’État islamique.
Jusqu’à maintenant ce genre de manifestation islamiste se déroulait surtout dans le Royaume-Uni. Dans ce pays les slogans de la religion de paix sont encore plus agressifs qu’en Allemagne : (traduit de l’anglais) « La charia pour la Grande-Bretagne ; l’islam dominera le monde ; décapitez ceux qui insultent l’islam ; Europe tire les leçons du 9/11 ; préparez-vous pour le véritable holocauste ; L’Europe est le cancer, l’islam est la réponse ; Liberté va en enfer ; exterminez ceux qui calomnient l’islam ; l’islam est le système parfait pour toute l’humanité ; l’islam est la réponse, la démocratie est le cancer ; l’islam est une religion de paix et d’amour ; les hommes et les femmes sont égaux dans l’islam… ». Les musulmans ont annoncé que l’Angleterre serait le premier pays dont ils prendraient le contrôle !
Lors de cette manifestation, les participants ont clairement affiché leur rejet de l’Allemagne et de l’Occident.
Pour compléter l’analyse, je vous propose ci-dessous une traduction libre de l’article du journal BILD en date du 29 avril 2024.
Johan Zweitakter
[1] Taqy ad-Dîn an-Nabahâny est né en 1909 dans un village du nom d’Ijzim près de Haïfa dans l’Empire ottoman et appartenait à la tribu des Bani Nabhan. Son père était conférencier en droit de la charia et sa mère était également une érudite islamique. Il a étudié le droit de la charia à l’université Al-Azhar et au collège Dar-ul-Ulum du Caire. Il meurt le 20 décembre 1977. Voir aussi la fatwa sur islamweb.net
[2] Présentation du parti
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BILD du 29 avril 2024
Ils veulent faire de l’Allemagne un califat.
Par N. Altendorf, N. Aswad, F. Piatov et F. Schneider
Hambourg — Ils veulent abolir la démocratie et instaurer un État divin de l’âge de pierre « la solution » : plus de 1000 islamistes ont manifesté à Hambourg en réclamant un califat.
Àleur tête se trouve l’étudiant Joe Adade Boateng (25) qui se fait appeler Raheem Boateng. Il est suivi par des milliers de personnes sur Instagram et TikTok, où il s’en prend à Israël et à l’Occident. La manifestation a également été l’occasion de dénoncer BILD et d’autres médias qui ont fait état des problèmes liés aux groupes islamistes en Allemagne.
Après un rassemblement d’islamistes à Essen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) en novembre 2023 (3000 participants), au cours duquel un califat avait également été réclamé. La ministre de l’Intérieur Nancy Faeser (53 ans, SPD) semblait pourtant vouloir faire preuve de fermeté : « Nous ne tolérons pas qu’un État islamique soit promu dans nos rues » et les groupes qui « veulent recruter de nouveaux islamistes sont dans le collimateur de nos autorités de sécurité ».
Encore une promesse… et maintenant RIEN, malgré ses déclarations, la manifestation a été autorisée.
La porte-parole de la police Sandra Levgrün a déclaré à BILD : « Il doit y avoir des indices réels que des débordements violents auront lieu pendant le rassemblement ». Le seul soupçon ne suffit pas à justifier une interdiction. La demande d’un califat n’est pas punissable, a-t-on précisé à la présidence.
LES FAITS : Les organisateurs de la manifestation du groupe « Muslim Interaktiv » sont proches du groupe « Hizb ut-Tahrir » qui est interdit et représentent, selon le service de protection de la constitution de Hambourg, une « tendance extrémiste avérée ».
Les groupes qui « veulent recruter de nouveaux islamistes » sont « dans la ligne de mire de nos autorités de sécurité », a déclaré la ministre de l’Intérieur Faeser dans le Tagesspiegel. Interrogée par BILD, Mme Faeser n’a toutefois pas répondu à la question des conséquences de la manifestation.
Le secrétaire général de la CDU, Carsten Linnemann (46 ans), trouve « scandaleux » que la manifestation des islamistes ait eu lieu « malgré les annonces tonitruantes » de Faeser. Linnemann confie à BILD : « La ministre de l’Intérieur ne veut manifestement pas admettre le grand danger que représentent les courants islamistes radicaux pour notre société ».
Eren Güvercin, musulman pratiquant et vice-président fédéral de l’association « diversité libérale », proche du FDP, est lui aussi catégorique : « Ces adeptes du califat se moquent de notre État de droit (…) »
Pour l’expert en islam Ahmad Mansour, une chose est sûre : dans la lutte contre l’islamisme, les politiques ne font preuve « ni de passion ni de détermination ». Manuel Ostermann, vice-président du syndicat de la police fédérale, critique le fatal « politiquement correct » qui règne en Allemagne et estime que « cela nous explose maintenant à la figure de manière dramatique ».
L’expert en affaires intérieures de la CDU Christoph de Vries (49 ans) demande l’interdiction de l’association « Muslim Interaktiv ». Et évoque une modification de la loi sur les rassemblements : la ministre de l’Intérieur Faeser devrait « joindre l’acte à la parole en ce qui concerne le droit de manifester, afin que la proclamation d’un État islamique ne soit plus propagée dans nos rues ».
Note du traducteur :
Pour pouvoir à nouveau manifester à Hambourg, le groupe islamiste Muslim Interaktiv devait respecter des conditions très strictes. L’une d’entre elles était qu’il ne devait pas y avoir de séparation des sexes. Résultat : pratiquement seuls des hommes ont participé à la manifestation. Néanmoins une cinquantaine de femmes sont venues à la manifestation… mais elles se tenaient un peu à l’écart, séparées des hommes. C’est ça aussi le califat !
Sur les journaux figure le portrait de Joe Adade Boateng avec la légende « Dangereux et smart, le pop star islamiste »
Le Blog de Thérèse 